Le projet s’ancre dans une conception élargie de la notion de patrimoine. Au-delà des traces construites, il prend la forme d’une histoire longue mêlant savoir-faire textile dans les fermes normandes ; domestication du cours d’eau – canalisé dès le Moyen-Age pour alimenter les moulins de la vallée ; échanges et mondialisation avec l’import de laine anglaise puis le contretypage de tissus indiens qui ont fait la renommée de la région du XVII à la fin du XVIIIe siècle (Indiennes de Bolbec).

Sur ce site de 10ha, nous cherchons à revitaliser des fragments de cette histoire longue : en réactivant des mémoires ouvrières et de vieux chemins vicinaux ; en donnant une nouvelle place à l’eau (de la force motrice au réveil de la biodiversité) ; en exposant et utilisant les machines encore fonctionnelles ; en réactivant des liens avec les producteurs locaux de lin et de chanvre qui bénéficie dans la région d’un climat unique au monde.

Nous entraînons les acteurs publics locaux vers une reconversion singulière et en prise avec les enjeux environnementaux contemporains : un laboratoire des
nouvelles pratiques écologiques incluant des espaces publics résilients, des halles productives prolongeant l’histoire textile et les savoir-faire locaux…

Le processus de développement du projet mise sur la capacité des halles existantes à accueillir de nouveaux programmes et donc à ne pas faire de la démolition un préalable au renouveau du site. Des constructions nouvelles viendront augmenter et prolonger les espaces existants mutables. Retrouver ici de la valeur d’usage est un moyen d’impulser un regain économique dans un territoire durablement marqué par la fin de l’activité industrielle.